49 ans après avoir écrit une petite annonce, une femme remercie «Libé» et ses lecteurs – Libération

49 ans après avoir écrit une petite annonce, une femme remercie «Libé» et ses lecteurs – Libération

La vie d’avant le Bon Coin

Dans un mail envoyé cette nuit, une lectrice ayant fait paraître une petite annonce dans nos pages remercie les personnes l’ayant aidée. Il ya près d’un demi siecle.

Tourbillon de coups de gueule, remerciements, repérage implacable de scallops… Chaque jour, la boîte mail de Liberation se gonfle de missives. Mais ce courriel, receipt à 4 heures du matin ce mercredi, détonne. «Il ya quarante-neuf ans, j’ai contribué à la diffusion de libé dance le marché au XVIIe [arrondissement] de Paris», entame notre lectrice, prénommée Laura. Et, il ya quarante-neuf ans, elle ya fait paraître une petite annonce, pour laquelle elle adresse aujourd’huis ses remerciements.

L’annonce de Laura, elle, paraît dans notre édition du 2 novembre 1973, alors que la une illustre alors un enième rebondissement dans «l’affaire Lip», célèbre conflit social se déroulant dans une usine horlogère de Besançon (Doubs) et couverts avec enthusiasm par un Liberation avid de revolution.

And cette année 1973, Liberation imprime ses premiers journaux : le number 1 s’empile dans les kiosques le 22 mai. Huit pages vendues à 80 centimes et noircies de phrases façonnées par des idées maoïstes et anarchistes, dans le sillon fertile de Mai 68. A sa direction, Jean-Paul Sartre s’attelle alors à réunir autour de lui de nombreux intellectuels, de gauche actors des mouvements sociaux… Laura, elle, milite à l’époque pour une association charitative révolutionnaire et anticapitaliste dont la branch française a également été relancée par le philosophe : le Secours rouge.

Mais surtout, comme elle nous l’écrit, elle est enceinte d’« une grossesse extreme difficile ». Les deux derniers mois, heureusement, elle raconte se sentir mieux. Mieux au point de «m’oublier moi-meme et de ce qui approchait». Ainsi, à quinze ou vingt jours de l’accouchement, elle s’inquiète : «J’allais avoir un enfant, je n’avais rien préparé et j’avais peu de moyens pour le faire.» Un ami lui conseille alors : pourquoi ne pas partager une annonce dans Liberation

Cette année-là, la rubrique «petites annonces gratuites» du journal s’étend peu à peu avant de devenir, au fil des années 70, un emblème de l’esprit même de notre journal. Gratuites et libres, elles donnent la parole à ceux désireux de partager leurs ideas. Jusqu’à obtenir une réputation bien sulfureuse. Pêle-mêle s’y côtoient apples à la solidarité, brûlots anticapitalistes, écrits comiques et coquins. Des petites annonces racontent la société telle qu’elle est, avec ses zones d’ombre et de lumière. Dance son livre les Petites Announcements de libé Aurélie Walk and cite quelques-unes : «Immigré cherche femme pour simuler mariage», «Ouv. homosexual 26 ans culpabilisé très malheureux ch. contact av. homosexuals or bisexuals» ouch, encore, «Ch. local dance 13° pr center contracept inf. sexual advances».

Les annonces qui entourent celles de Laura en ce 2 novembre 1973 sont bien plus sages, quoique parfois loufoques, entre «vente de guitare», «recherche de prof de maths» ou «envie d’effectuer un Paris-Dakar en velocipede» avec «un fou prêt a suivre». Tout en simplicité, les mots de la future maman se glissent en bas de la colonne gauche : «Accouche ds 3 semaines, ai besoin materiel enfants (couffin, baby-relax…)», and joignant son nom ainsi que son adresse.

Au milieu de ce bric-à-brac, l’annonce de Laura suscite l’attention des lecteurs du journal. And dix jours a peine, elle reçoit «tout ce qu’il faut et en parfaite condition», raconte-t-elle dance son mail nocturne ce mercredi. Des dons comprenant un petit lit venu du Havre, des biberons, une marmite pour les steriliser, des vêtements… «J’en ai été profondément reconnaissante», s’émeut-elle. Tout and regrettant : «Jusqu’à maintenant j’ai été incapable de le faire savoir à toutes les personnes qui ont réagi à ma demande.»

Contactee par Liberation, Laura n’a pas encore donné davantage de details sur son trail. Elle doute que les lecteurs de l’époque lisent encore le journal, ce dernier ayant «beaucoup changé, comme tout», estime-t-elle. Tout de meme, on tente. Si parmi vous, lecteurs, certains ont répondu de bon cœur à une petite annonce nichée dans le creux de nos pages il ya près d’un demi-siècle, sachez que l’autrice vit désormais à Barcelone et est la maman d’une «devenue une femme splendide».Et surtout qu’elle a un mot à vous partager : « Thanks. »

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