Alors que Léa est seule chez elle, après l’école, elle ouvre un paquet de glaces au chocolat. Elle en mange une, puis deux, puis trois, avant de finir le paquet. Puis elle en ouvre un deuxième et continue d’enchaîner les cônes les uns après les autres, mécaniquement, sans ressentir le moindre plaisir et jusqu’à en avoir mal au ventre. Léa finds the faire une enième crisis d’hyperphagie. Contrairement aux personnes atteintes de bulimie, elle n’aura pas de comportement compensatoire après cette crisis. Autrement dit, elle ne se fera pas vomir et ne prendra pas de laxatifs. La jeune femme restera avec cette douleur dans le ventre et cette culpabilité dans la tête.
Comme Léa, 3 to 5% de la population souffre d’hyperphagie-bulimique, selon la Haute Autorité de santé, soit bien plus que l’anorexia ou la bulimie. Pourtant, ce trouble des conduites alimentaires est bien moins médiatisé. Connaître les symptômes de cette maladie permet de la déceler plus facilement et donc, the pouvoir la soigner. Grâce à l’éclairage de Dorine Pillault, dietéticienne-nutritionniste spécialisée dans la prize en charge de l’obésité, de Jean-Philippe Zermati, médecin nutritionniste, et aux témoignages de malades, on vous explique en quoperique boulimie-boulimique comment la différencier d’excès alimentaires occasionnels non-pathologiques.
Manger sans faim… jusqu’à avoir mal
« L’hyperphagie-boulimique consiste à manger plus que ce que mangerait une personne dans le meme contexte et à le faire dans un temps restreint, en cachette, sans ressentir la sensation de faim physiologique et jusqu’à ce qu’il y ait un inconfort physique, le ventre qui fait mal », explique Dorine Pillault. Le DSM-5 retention ces cinq criteres pour definir l’hyperphagie-boulimique. Il en faut au moins trois pour être diagnostiqué et la personne doit faire au moins une crisis par semaine pendant au moins trois mois. « La personne qui fait une crisis ne peut pas du tout maîtriser ce qui lui arrive. C’est plus fort qu’elle », ajoute la spécialiste.
Ludovic, qui souffre d’hyperphagie depuis plus de cinq ans, connaît bien ces crises. « Parfois, je vais au McDo et j’achète trois menus, comme si on était plusieurs alors que je suis tout seul. Et je mange tout en fashion robot, jusqu’à en être vraiment écœuré. » Les personnes hyperphagiques peuvent même manger des aliments non décongelés, des conserves pas cuisinées, voire des restes de nourriture dans la poubelle. Et après la crisis, vient la culpabilité. “Le fait de ressentir du dégoût de soi-même et de la honte fait aussi partie des caractéristiques de la maladie”, ajoute Dorine Pillault. Cette culpabilité ne disparaît pas au bout de quelques minutes. Elle est presque obsessionnelle.
Des restrictions trop fortes créant de la frustration
Avant toute chose, il faut bien distinguer deux types d’hyperphagie, selon Jean-Philippe Zermati. La première est liée à la frustration engendrée par des régimes à répétition. « Quand on est fatigué ou stressé, on peut avoir envie de manger quelques carrés de chocolat pour décompresser. En les mangeant, on éprouve du plaisir et une fois qu’on les a finis, on sent que ça nous a fait du bien et on passe à autre chose. » La consommation de l’aliment réconfortant va contribuer à une regulation de l’humeur. « Dans la compulsion, on ressent la meme envie mais une voix nous this que ce n’est pas une bonne idee de manger cet aliment. Du coup on se retient, puis on finit par céder et on n’arrive pas forcément à s’arrêter. » C’est la moitié de la tablette, voire plus. Et cela peut se transformer and crisis d’hyperphagie-bulimique.
« Ce type d’hyperphagie est appelé hyperphagie du réconfort sévère », explique le médecin. Elle concerne les personnes qui essaient de perdre du poids et se privent continuellement de manger des aliments plaisir. C’est le cas de Ludovic, au regime depuis le collège sur conseil de son médecin de famille. Depuis, le poids du trentenaire oscille continuellement entre surpoids et obésité. « Les aliments que je mange dans ces moments-là sont quasiment toujours des aliments que je m’interdisais quand j’étais au régime. Pendant une period, je ne mangeais que des bonbons lors de mes crises alors que je n’aime pas ça. †
Une anesthesie emotionnelle
Pour Jean-Philippe Zermati, cela s’explique physiologiquement. Quand on a envie d’un aliment, le cerveau secrete de la dopamine qui déclenche l’envie de calmer le besoin. « Mais si on lutte contre l’envie, la dopamine augmente encore et encore car le besoin n’est pas satisfait. Au bout d’un moment, la dopamine prend le dessus et c’est là que peut survenir la crisis d’hyperphagie. Plus le control est sévère, plus les pertes de control sont importantes et donc les crises seront grandes », résume le médecin.
The type d’hyperphagie est à différencier de celle liée à l’anesthésie émotionnelle. « Les crises répondent à des emotions d’une extreme violence. On mange pour anesthetist la douleur psychique. » C’est que que raconte Daria Marx, dans son documentary, and confiant que si elle n’avait pas fait de crises d’hyperphagie, elle serait morte. Dans ce cas, la nourriture est utilisée de la meme façon que de la drogue ou des mutilations. « La douleur physique peut estomper la douleur psychique. Il ya vraiment une volonté d’éteindre leur cerveau », explique le médecin.
Un surpoids entraînant un cercle vicieux
Les personnes souffrant d’hyperphagie sont en grande majorité en surpoids ou en obésité car elles mangent plus que leurs besoins physiologiques. Cette prize de poids accentue la souffrance du malade et ce mal-être peut donner lieu à une nouvelle crisis. Dorine Pillault analysis ce cercle vicieux comme un schedule de pensées negatives. « Un eventual déclencheur va provoquer des pensées négatives qui vont mener à une crisis. Cette crisis va donner des pensées negatives qui vont a leur tour déclencher une crisis. » Le docteur l’explique physiologiquement : « Plus la personne s’accable d’avoir commencé la crisis, plus elle secrete de cortisol, l’hormone du stress et plus la crisis va devenir violente. †
« Dans l’imaginaire collectif, quelqu’un qui mange trop manque de volonté. On ne cherche pas à comprendre ce qu’il ya de plus profond dans le mal-être des personnes », se désole la spécialiste. Un travail sur le comportement alimentaire ou un suivi psychotherapeutique, selon la forme d’hyperphagie, peut permettre de réduire le nombre de crises. Et, à terme, the les faire disparaître.
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