la junte « coupe l’herbe sous le pied » de la Cédéao en annonçant une transition de deux ans

la junte "coupe l'herbe sous le pied" de la Cédéao en annonçant une transition de deux ans

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C’est en 2024 que la junte malienne a décidé, lundi, de rendre le pouvoir aux civils en s’engageant par décret à une transition. Une decision qui a surpris à la Cédéao, alors que les discussions pour parvenir à un accord ont toujours lieu. L’organisation semble avoir été « prise de court » par le choix du gouvernement de transition. explications.

Le face-à-face entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui se poursuit depuis des mois, a connu une nouvelle évolution lundi 6 juin. Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a signé un décret lu à la télévision d’État et stipulant que « la durée de la transition (serait) fixée à 24 mois, (à) compter du 26 mars 2022 ».

Un choix d’autant plus surprenant que la junte malienne envisageait encore, en février dernier, the rendre le pouvoir aux civils, mais après une transition de cinq ans – ce que la Cédéao avait alors qualifié de délai « totalement inacceptable ». Lesson discussions s’étaient depuis poursuivies entre le gouvernement de transition malien et l’organisation ouest-africaine, sans pour autant parvenir à un consensus sur une date.

Une annonce qui a surpris autant au sein même du gouvernement the transition que dans les rangs de la Cédéao. « Des ministres du gouvernement ont confié en Privé avoir appris la nouvelle comme tout le monde à la télévision », a pu savoir RFI, qui a aussi eu la réaction d’un diplomate d’un pays membre de la Cédéao, pour qui le Mali « with la charrue avant les bœufs ».

Le décret de lundi « est une façon pour la junte d’accélérer la fin des discussions et d’enteriner sa volonté de prolonger de deux ans la transition de manière officielle aux yeux de la population malienne et de la communauté Internationale », explique à France 24 Jérôme Pigné, cofondateur du réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel et chercheur associé à l’Institut Thomas More.

« La Cédeao prize de court » par l’annonce de la junte malienne

Le « timing » choisi par la junte malienne ne doit rien au hasard : la signature du décret a eu lieu deux jours après que la Cédéao s’est reunie au Ghana, le 4 juin, pour un summet extraordinaire consacré à l’examen de l ‘Evolution de la situation politique au Burkina Faso, and Guinea et au Mali. Cela n’a permis aucune avancée sur les processus de transition en cours dans les trois pays, et l’organisation ouest-africaine a reporté ses prizes de décision à son prochain sommet, le 3 juillet.

La junte malienne peut alors avoir été guidée par une double motivation en fixant pour horizon mars 2024, analysis Jérôme Pigné : « La position du gouvernement de transition est de couper l’herbe sous le pied de la Cédéao en montrant que le Mali reste souverain et qu’il lui tent tête, ainsi qu’à la communauté Internationale. pas sa position – considérée par certains comme dogmatique –, le Mali décidera, lui, de son propre sort. »

La Cédéao n’a pas tardé à réagir : dès le lendemain de l’annonce du colonel Goïta, l’organisation a publié un communiqué dans lequel elle a this « prendre acte de la signature » du décret prolongeant la période de transition au Mali. « La Cédéao regrette que cette décision ait été prize à un moment où les négociations se déroulent encore, en vue de parvenir à un consensus », précise aussi le communiqué, qui ajoute que les échanges vont se poursuivre aveciennes autorités.

« La Cédéao est peut-être prize de court par cette annonce, puisque l’objectif (du 4 juin) était de se donner quelques semaines de plus pour que les différentes parties à la négociation s’entendent sur un délai, mais un surtout sur un chronogramme et une feuille de route Il ne suffit pas de donner une date, mais de créer les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel », explique le chercheur.

Le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, avait assuré lundi qu’il ne craignait « absolument pas » d’accès de tension avec la Cédéao. Au contraire, le décret « est une preuve très éloquente de la volonté de dialogue », and le justifiant par la volonté de trouver un « compromis » entre les « exigences » de la Cédéao et les « aspirations » des Maliens à des réformes avant la outfit d’elections à la fin de la transition.

« Le climat est en train the changer tout doucement »

Le choix assumé de la junte est aussi à envisager dans le cadre d’un « bras de fer » qui dure depuis plusieurs mois entre la Cédéao et Bamako. L’organisation ouest-africaine, en réaction au projet du gouvernement malien de rester au pouvoir jusqu’à cinq ans de plus, avait adopté and janvier 2022 the « très lourdes » sanctions économiques et Financières.

>> À lire aussi – Les sanctions de la Cédéao constituent « une impasse pour le Mali comme pour ses voisins »

La Cédéao a notamment décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges commerciaux autres que les produits de première nécessite. Elle aussi coupé ses aides financiers et gelé les avoirs du Mali à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest.

« Cinq mois de sanctions sont passés, qui pèsent enormément sur la junte, mais surtout sur la vie quotidienne des Maliens », explique Virginie Herz, chroniqueuse Internationale à France 24. « Jusque-là, ces sanctions étaient perçues junte population et la comme une sorte d’injustice, d’acharnement des pays de la région soi-disant ‘instrumentalisés’ par la France. Là, le climat est en train the changer tout doucement. »


© France 24

The changement d’ambiance se constant notamment dans les quelques critiques qui emergent à l’encontre de la junte. Celle de l’imam Mahmoud Dicko retient l’attention : cette figure emblématique du mouvement de contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, soutien de la junte depuis sa prize de pouvoir en août 2020, a critiqué rog maancei « l » du gouvernement de transition au pouvoir, sans épargner la communauté Internationale et « son orgueil ».

L’emergence de voix dissonantes et le poids d’un embargo économique de plusieurs mois peuvent aussi finalment expliquer l’initiative de la junte de fixer une date de transition… afin d’obtenir un allègement ou une levée des sanctions de la Cédéao? « Nous le saurons très rapidement avec le sommet ouest-africain du 3 juillet, et d’ici là, il y aura certainement une nouvelle visite de Goodluck Jonathan [l’envoyé spécial de la Cédéao pour les négociations avec le Mali, NDLR] aux autorités maliennes”, reply Jérôme Pigné.

With regard to the conclure : « Il ne faudrait pas que cette séquence diplomatique et politique prenne le pas sur les réalités sécuritaires et militaryes du quotidien, avec une insécurité grandissante dans la zone dite des trois [un territoire sans délimitation physique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger]†

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